quarta-feira, 8 de setembro de 2010

Le Monde

Au Pays basque espagnol, une lueur d'espoir

L'ETA a annoncé une trêve dimanche 5 septembre. Une de plus, serait-on tenté de dire, tant l'organisation séparatiste basque a habitué les Espagnols à parsemer son histoire sanglante d'appels à la paix qui tous ont, jusqu'ici, conduit à une impasse politique et au retour des attentats.

Cette fois, pourtant, l'accueil fait au communiqué de l'ETA laisse entrevoir que quelque chose est peut-être en train de changer au sein du monde indépendantiste radical basque.

Le Parti socialiste, au pouvoir en Espagne et dans la région autonome, a jugé "clairement insuffisante"l'annonce, par trois membres cagoulés de l'organisation terroriste, que l'ETA a décidé de ne pas entreprendre d'"actions armées offensives", c'est-à-dire d'attentats. Cette froideur contraste singulièrement avec l'espoir suscité par le précédent "cessez-le-feu", en mars 2006.

Lors de son premier mandat à la tête du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, avait beaucoup misé sur un "processus de paix" au Pays basque, au point de donner son accord à des négociations secrètes avec l'organisation armée alors même que celle-ci ne respectait pas, à l'évidence, sa part du marché et continuait à racketter les entrepreneurs basques pour se financer et à s'approvisionner en armes. L'ETA avait mis fin à cette nouvelle tentative de négociation en faisant exploser une voiture piégée dans un parking de l'aéroport de Madrid, tuant deux immigrés équatoriens. Echaudés, les socialistes demandent désormais à l'ETA une renonciation définitive à la violence avant toute négociation. Or ce n'est pas ce qu'annonce le communiqué de dimanche.

L'autre nouveauté, c'est que l'annonce de l'ETA pourrait aussi avoir été jugée insuffisante par une bonne partie de ceux qui constituent sa mouvance politique. Pendant des décennies, les divers avatars de la "vitrine politique" de l'ETA, jusqu'au parti Batasuna et ses héritiers d'aujourd'hui, ont épousé fidèlement la ligne des "militaires". Mais, depuis le printemps, la "gauche abertzale" ("patriote", en basque), sous l'influence de conseillers sud-africains et nord-irlandais, semble décidée à faire pression sur l'appareil militaire de l'organisation pour le convertir à une "voie politique", qui supposerait l'abandon des armes. La presse a révélé que les dirigeants de l'ex-Batasuna (le parti est interdit depuis 2003) attendaient de l'ETA l'annonce d'une trêve"permanente" et "vérifiable" par une commission internationale. Désireuse de présenter des candidats aux élections municipales de 2011, la mouvance Batasuna veut être à nouveau légalisée. Pour ce faire, elle doit satisfaire une condition sine qua non posée par le gouvernement espagnol : renoncer à la violence. La trêve annoncée par l'ETA n'est ni "permanente" ni "vérifiable". La question aujourd'hui est de savoir si, alors que l'appareil militaire de l'ETA est affaibli comme jamais au cours de son histoire par la coopération policière entre l'Espagne et la France, les tenants d'une voie politique parviendront à s'imposer aux partisans des armes. Ce n'est pas acquis.

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